Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 907 ombres soit comme dans la nature graduée à l’infini ; sans cela il y a confusion ce qui arri- ve dans votre vue, je ne distingue dans toute son étendue que trois ou quatre valeurs de ton, cela ne peut suffire pour l’es[sor] de chaque objet, et la distance des plans, encore exist[en]t-ils des petites nuances qui font du reste très bien, mais qui ne pourroit pas etre rendu[s] sur le papier par l’impression, puisque le métal n’est pour ainsi dire que salie ; dans cet etat de choses ce procédé [n’aurait nul succès] dans les arts, je veux dire seulement sous le rapport de la gravure, car la découverte n’en paroitroit pas moins extraordinaire, mais quand on pense que le moindre elève avec le secour de la chambre noire, peut dessi- ner et poser quelques teintes et avoir un resultat non moins exact, il est certain qu’il faut pour faire remarquer ce procedé une perfection quelconque qui ne pourroit se rendre autrement, vous savez Monsieur que je ne suis pas partisan de l’application que vous en faites à la gravure 1 , parcequ’il me semble que vous devez avoir sur votre matiere absor- bante, un resultat plus parfait et qui est probablement détruit en partie par l’application de l’acide meme le plus faible, je suppose que le principal motif qui vous engage a ce genre est plutot la difficulté de separer autrement l’image representée sur le corps absorbant // et que vous savez q’en livrant une epreuve vous donne 2 avec le secret 3 , s’il en étoit ainsi et que vous soyez dans l’intention de mettre au jour votre procedé, il y auroit un moyen pour en tirer avant de le faire connoître un grand partie indépan[dement] de l’honneur que vous ferai cette decouverte, mais il faudroit pour cela arriver à une perfection telle qu’on ne puisse l’egaler de quelques années. Dans le cas ou cela vous seroit agréable je pourrois vous etre utile, il est nécéssaire aussi que la chambre noire soit parfaite. Le verre menisque dont vous vous servez ajoute fort peu au perfectionnement puisquil ne detruit que foiblement l’aberration de sphericité* et quil est nul pour l’aberration de réfrangibilité* 4 . Pour ce pro- bleme la première condition est que la lumiere modifiée de chaque corps arrive dans le meme etat sur la substance mais ( et ) cela n’est pas ainsi apres avoir traversé les verres bi- convexe ou menisque puis quelle est décomposé 5 , cela est visible dans tous les cont[ours] de votre vue d’apres nature. Ils sont bordé de franges et bien plus sens[ibles] sur les devant que dans les fonds parce que l’angle est plus [ouvert] 6 . Il y a aussi apparence que votre effet n’est pas resté le meme tout le temps qu’il a falu pour [les fixer] 7 puisque le soleil semble 1. Toutes ces remarques confirment, d’une part que lors de ses contacts avec Daguerre, notamment à Paris, Niépce avait été très discret ; d’autre part que chez son futur associé, le concept de la photographie se résu- mait à la gravure héliographique qui lui avait été montrée en juin 1827 (v.418).Cette attitude critique quant à l’application à la gravure est une constante étonnante chez Daguerre. En effet dès la seconde lettre qu’il adressa à Niépce au début de 1827, époque où il ignorait les travaux de son correspondant, Daguerre dou- tait déjà « qu’il soit possible d’être entièrement satisfait des ombres par ce procédé de gravure » (v. 406). En 1839,nous le retrouverons toujours aussi critique sur ce sujet et affirmant en toute mauvaise foi,que Niépce s’occupait « plus particulièrement de la copie des gravures » (D. « Avertissement »). 2. Lire donnez . 3. Se reporter à la réponse de Nicéphore qui dut beaucoup s’amuser de cette remarque. Quant à la meilleure qualité de l’image sur le composé absorbant (le bitume), la question de Daguerre étant bonne, Nicéphore y répondit par l’affirmative (v. 499). 4. Aberration chromatique. 5. Et non puisqu’elle la décompose, comme il est transcrit dans l’édition russe. 6. Cette observation aurait dû permettre à Daguerre de constater l’extraordinaire définition du procédé de Niépce, puisqu’il est possible d’observer, autour des objets, les fines franges de couleurs dues aux aberra- tions de réfrangibilité* (J.L.M. p. 252). 7. Illisible sur la photocopie dont nous disposons. On trouve le fixer dans l’édition russe. 8. Daguerre peut ainsi comprendre l’extrême longueur du temps de pose. Sait-il déjà que toute modification de l’optique de Niépce ne fera qu’allonger ce temps? Il ne l’énoncera qu’en février 1830 (v. 515). Quant à Niépce, il répondra à cette lettre que la longueur du temps de pose est un « inconvénient grave » (v. 499). 497 1824 1829

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