Niépce correspondance et papiers
908 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS avoir parcouru de sa droite a sa gauche, cela rendroit impossible toute impression d’images d’apres nature 8 . Le plus de temps que l’on puis[se] mettre seroit quinze minutes encore le choix en seroit déja tres borné. Dans l’état ou en sont les arts presentement il ne faut pas arriver à-demi, car le moindre perfectionement apporté a une decouverte fait souvent oublier son premier auteur 1 . Si vous croyez que votre substance absorbante soit arrivée a son dégré de perfectio- nement et si vous etes, je le reppete dans l’intention de faire connoitre votre découverte je vous donnerez les moyens d’en tirer le // plus grand parti, si toute fois le résulta[n]t de la chambre noire sur la substance est preferable a la planche que jai sous les yeux. J’ai fait voir votre essai à Monsieur Lemaître comme vous le désirerez il ma paru pen- ser entierement comme moi sous le rapport de la gravure, il doit vous ecrire à ce sujet. Excusez moi Monsieur de ma franchise mais je m’en voudrais beaucoup si je netait pas sincere avec vous. Agréez je vous prie Monsieur lassurance dema consideration la plus distinguée. Daguerre Veuillez je vous prie présenter mes hommages ainsi que ceux de ma femme a Madame Niépce.// Je vais vous adresser votre petite caisse. Monsieur Monsieur Niépce Rue de l’Oratoire n°1 r . a Châlon-sur-Saône [N.s.m.] Répondu le 23. 8 bre . 1829 2 . 498 Lettre (A.S.R.) 3 Paris, 12 octobre 1829. Lemaître à Nicéphore. Monsieur, Je suis allé chez M r . Daguerre après en avoir reçu un billet par lequel il m’invitait à venir voir votre essai de gravure 4 par votre procédé héliographique. Comme je connaissais 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. Ces deux dernières phrases résument l’attitude qui sera celle de Daguerre dans le futur. Dès la signature du contrat d’association avec Niépce en 1829 (v. 510), il se positionnera comme celui qui perfectionne l’inven- tion ; il n’autorisera la divulgation des procédés qui en découleront que lorsque le temps de pose aura été abaissé à un quart d’heure, ce qui ne sera réalisé que six ans après la mort de Niépce et de fait ce dernier sera oublié lors de la divulgation de la découverte en 1839. 2. De la main de Nicéphore (v. 499). 3. Publ. in U (doc. 90) ; antérieurement in L. 1851 n° 8 p. 32. 4. V. 497n. De même que Daguerre, Lemaître ne peut envisager autre chose qu’une gravure. Il ne peut conce- voir que cette plaque se suffise à elle même. Il faut croire que ces premiers témoins de l’invention, qui n’en avaient encore qu’une idée abstraite – et nécessairement en couleur –, se trouvaient privés du code per- mettant de saisir d’emblée une image photographique en noir et blanc. D’autant plus qu’elle était impar- faite. C’est pourquoi ils prenaient pour défauts (« le métal n’est pour ainsi dire que salie », disait Daguerre) ce qui était une preuve de succès.
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