Niépce correspondance et papiers

910 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS n° 1 er , à Châlons sur Saône. Châlons sur Saône. 499 Brouillons de lettre (A.S.R.) 1 Chalon-sur-Saône, 23 octobre 1829. Nicéphore à Daguerre. .Châlon-sur-Saône, le 23. 8 bre . 1829. .Monsieur, .Je vous suis bien bon gré de la critique sévère mais juste que vous avez faite de mon essai de point de vue d’après nature 2 . La franchise avec laquelle vous vous exprimez, est pour moi, la preuve la plus convaincante du véritable intérèt que vous prenez à ma réussi- te. Je vous ferai toutefois observer que ma planche n’est point gravée, mais simplement noircie sans l’intervention d’un acide quelconque. A l’aide de ce nouveau procédé, j’espé- rais obtenir, sur l’argent plaqué, toutes les dégradations de teintes du noir au blanc. Plusieurs raisons, parmi lesquelles mon inexpérience doit être comptée pour beaucoup, ont fait manquer ce résultat, mais si vous alliez chez Vincent-Chevalier aîné, vous y verriez ce même procédé appliqué plus heureusement à une copie de gravure 3 . En supposant une planche gravée, vous pensez ( conjecturez ) , Monsieur, que le motif qui m’empêche de pro- duire ( livrer ) des épreuves, est la crainte de compromettre mon secret, parceque vous ima- ginez que la substance intermédiaire qui le constitue, se trouve portée sur le papier ; mais il n’en est pas ( point ) ainsi, car aucune trace de cette substance ne reste sur la planche, lorsqu’elle reçoit l’encre d’impression 4 . Les observations critiques de M r . Lemaître, s’accordent parfaitement avec ( sont entie- rement conformes à ) celles que vous voulez bien m’adresser. Comme vous, Monsieur, il attribue à une trop longue prolongation de l’action solaire, la discordance et la confusion que vous avez signalées. Cet inconvénient, je l’avoue, est des plus graves, et cependant, il m’est impossible de l’éviter avec un appareil aussi défectueux // que le mien. En éffet, les devants et les bas surtout, y sont si faiblement éclairés qu’il faut un tems considérable pour 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. Publ. in U (doc. 91). 2. V. 497. 3. Ne pas confondre cette plaque avec celle envoyée à Chevalier en janvier 1829 (v. 486). C’était une image négative/positive au bitume de Judée sur argent sans autre traitement. Ici il s’agit d’une copie de dessin obtenue sur argent avec traitement aux vapeurs d’iode avant élimination du bitume. Le dessin reproduit apparaît donc en noir sur le miroir d’argent. Cette plaque a maintenant disparu. Elle fut confiée à Arago en 1839. On peut lire dans le compte rendu de la séance du 11 février : « Les personnes qui ont eu des relations avec M. Charles Chevalier, opticien, peuvent se rappeler avoir vu, chez lui, sur une plaque métallique, une figure de Christ transportée d’une gravure sur le métal à l’aide des rayons solaires. La planche en question avait été donnée à M.Chevalier en 1829.Ce jeune artiste a bien voulu,depuis quelque jours,la déposer dans les mains de M. Arago. Les blancs s’y trouvent reproduits comme dans l’original, c’est-à-dire sans inversion » (C.R.H.S.A.S. 1839, t. VIII, p. 207). En 1862, Arthur, fils de Charles Chevalier, écrira : « En 1829, une épreuve sur plaque fut offerte par Niépce à Charles Chevalier ; cette épreuve est aujourd’hui déposée dans les archives de l’Institut ». (A.C. p. 20). Des recherches effectuées dans ces archives en 1919, à la demande de l’historien G. Potonniée, se révéleront infructueuses. (G.P. p. 162). 4. Niépce indique simplement que ses plaques gravées ne sont plus recouvertes de bitume lorsqu’on les encre. Rappelons que Daguerre semblait croire que lors de l’impression, le vernis au bitume (substance absorbante) était transmis sur le papier (v. 497). 5. Remarquer que Niépce associe le temps de pose au temps qu’il faut pour obtenir quelques détails dans les ombres.On s’attend donc à ce qu’il produise des images orientées au nord (et non au sud comme celle dont il est question ici). Il n’y aurait ainsi que des objets bien éclairés, sans contre-jour, et l’exposition serait plus