Niépce correspondance et papiers

.Notice sur l’héliographie. .La découverte que j’ai faite et que je désigne sous le nom [...] 1 d’héliographie, consis- te à reproduire spontanément, par l’action de la lumière, avec les dégradations de teintes du noir au blanc, les images reçues dans la chambre obscure 2 . .Principe fondamental de cette découverte. .La lumiere, dans son état de composition et de décomposition, agit chimiquement sur les corps. Elle est absorbée, elle se combine avec eux, et leur communique de nouvelles pro- priétés. Ainsi elle augmente la consistance naturelle de quelques uns de ces corps ; elle les solidifie même, et les rend plus ou moins insolubles suivant la durée et ( ou ) l’intensité de son action 3 . Tel est, en peu de mots, le principe de la découverte. .Matiere premiere. Préparation. .La substance, ou matiere premiere, que j’emploie ; celle qui m’a le mieux réussi, et qui concourt plus immédiatement, à la production de l’éffet, est l’asphalte ou bitume de Judée* 4 préparé de la maniere suivante. .Je remplis à moitié, un verre, de ce bitume pulvérisé. Je verse dessus, goutte à goutte, de l’huile essencielle de lavande* 5 jusqu’à ceque le bitume n’en absorbe plus, et qu’il en soit seulement bien pénétré. J’ajoute ensuite, assez de cette huile essencielle pour qu’elle sur- nage de trois lignes environ 6 , au dessus du mélange qu’il faut couvrir et abandonner à une douce chaleur, jusqu’à ceque l’essence ajoutée soit saturée de la matière colorante du bitu- me. Si ce vernis n’a pas le degré de consistance nécessaire, on le laisse évaporer à l’air libre, dans une capsule, en le garantissant de l’humidité // qui l’altère et finit par le décomposer 7 . Cet inconvénient est surtout à craindre dans cette saison froide et humide, pour les expé- riences faites dans la chambre noire. Une petite quantité de ce vernis appliqué à froid, avec un tampon de peau très-douce 8 , sur une planche d’argent plaqué bien poli, lui donne une belle couleur de vermeil, et s’y étend en couche très-mince et très égale. On place ensuite 1. Illisible sous la rature. 2. Remarquer que l’invention porte uniquement sur la reproduction des images de la chambre obscure. Il s’agit ici de photographie et non de copie de gravure. 3. Le principe de variation de solubilité en fonction de l’action de la lumière est clairement énoncé. Parmi les pionniers de la photographie (Daguerre,Talbot, Bayard), Niépce est le seul à pouvoir expliquer son procédé. Nous allons le constater tout au long de cette notice. 4. Hormis dans les plans de son projet d’ouvrage (v. 494), c’est la première fois que Niépce divulgue le nom du composé photosensible qu’il utilise. 5. Niépce n’a jamais justifié l’emploi de ce solvant pour le bitume.Toutefois,nos expériences ont montré les grands avantages de cette huile onctueuse qui permet d’étaler très aisément la solution de bitume sur des supports aussi lisses que le verre ou l’argent poli. Notons par ailleurs que l’essence de lavande était l’un des liants les plus utilisés par les artistes peintres.Ils y mélangeaient les pigments pour fabriquer leurs couleurs. 6. Soit 6 à 7 mm. 7. Cette formule de vernis au bitume n’est pas la seule employée par Niépce. Nous verrons à la fin de cette notice que Niépce utilise d’autres solvants du bitume, comme l’huile animale de Dippel. En mai 1830 (v. 521, 522), il fera état de plusieurs préparations de vernis « sous forme liquide, ou sous forme concrète ». 8. Tampons en peau de chevreau (v. 399). En mai 1830, les vernis liquides seront étendus au moyen d’un pin- ceau (v. 521). 922 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre

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