Niépce correspondance et papiers

la planche sur un fer chaud, recouvert de quelques doubles de papier 1 dont on enlève ainsi, préalablement, toute l’humidité ; et, lorsque le vernis ne poisse plus, on retire la planche pour la laisser réfroidir et finir de sécher à une temperature douce, à l’abri du contact d’un air humide. Je ne dois pas oublier de faire observer, à ce sujet, que c’est principalement, en appliquant le vernis, que cette précaution est indispensable. Dans ce cas, un disque léger, au centre du quel est fixée une courte tige que l’on tient à la bouche, suffit pour arrêter et condenser l’humidité de la respiration. .La planche ainsi préparée, peut être immédiatement soumise aux impressions du flui- de lumineux ; mais même, après y avoir été exposée assez de temps pour que l’effet ait ( eu ) lieu, rien n’indique qu’il existe réellement ; car l’empreinte reste inapperçue 2 . Il s’agit donc de la dégager, et l’on n’y parvient qu’à l’aide d’un dissolvant. .Du dissolvant. Maniere de le préparer. .Comme ce dissolvant doit être approprié au résultat que l’on veut obtenir, il est diffi- cile de fixer avec exactitude, les proportions de sa composition ; mais, toutes choses égales d’ailleurs, il vaut mieux qu’il soit trop faible que trop fort. Celui que j’emploie de préfé- rence, est composé d’une partie, non pas en poids, mais en volume, d’huile essencielle de lavande, sur six parties même mesure, d’huile de pétrole blanche*. Le mélange, qui devient d’abord laiteux, s’éclaircit parfaitement, au bout de deux ou trois jours. Ce composé peut servir plusieurs fois de suite. Il ne perd sa propriété // dissolvante que lorsqu’il approche du terme de saturation ; ceque l’on reconnait parcequ’il devient opaque et d’une couleur très-foncée. Mais on peut le distiller et le rendre aussi bon qu’auparavant. .La plaque ou planche vernie, étant retirée de la chambre obscure, on verse dans un vase de fer-blanc d’un pouce de profondeur, plus long et plus large que la plaque, une quan- tité de dissolvant assez considérable pour que la plaque en soit totalement recouverte. On la plonge dans le liquide, et en la regardant, sous un certain angle, dans un faux jour, on voit l’empreinte apparaître et se découvrir peu à peu, quoique encore voilée par l’huile qui surnage, plus ou moins saturée de vernis. On enlève alors la plaque, et on la pose vertica- lement pour laisser bien égoutter le dissolvant. Quand il ne s’en échappe plus, on procéde à la derniere opération qui n’est pas la moins importante. .Du lavage. Maniere d’y procéder .Il suffit d’avoir pour cela, un appareil fort simple, composé d’une planche de quatre piés de long, et plus large que la plaque. Cette planche est garnie, sur champ, dans sa lon- gueur, de deux litteaux bien joints, faisant une saillie de deux pouces 3 . Elle est fixée à un support, par son extrémité supérieure, à l’aide de charnieres qui permettent de l’incliner à volonté, pour donner à l’eau que l’on verse, le dégré de vitesse nécessaire. L’extrémité infé- rieure de la planche, aboutit dans un vase destiné à recevoir le liquide qui s’écoule. .On place la plaque sur cette planche inclinée. On l’empêche de glisser en l’appuyant contre deux petits crampons qui ne doivent pas dépasser l’épaisseur de la plaque. Il faut avoir soin, dans cette saison-ci, de se servir d’eau tiède. On ne la verse pas sur la plaque, 1. Parmi les différentes définitions du mot « double », Larousse indique : « Chacune des parties d’un objet que l’on a plié : Mettre un papier en quatre doubles. » (N.L.I. t. 3, p. 820). 2. Cette phrase contredit sans discussion l’assertion largement répandue dans les ouvrages d’histoire de la photographie, selon laquelle le bitume blanchirait à la lumière. 3. Soit approximativement 5,5 cm. 924 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre

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