Niépce correspondance et papiers

vernis de maniere à rendre les dégradations de teintes beaucoup mieux senties ; de sorte que l’empreinte vue par transmission*, reproduit jusqu’à un certain point les éffets connus du Diorama 1 . .Dans l’autre essai, au contraire, où l’action du fluide lumineux a été plus intense, les parties les plus éclairées n’ayant pas été attaquées par le dissolvant, sont restées transpa- rentes ; et la différence des teintes résulte uniquement de l’épaisseur relative des couches plus ou moins opaques du vernis. Si l’empreinte est vue par réflexion, dans un miroir, du côté verni, et sous un angle déterminé, elle produit beaucoup d’éffet, tandis que vue par transmission, elle ne présente qu’une image confuse ( et incolore ) 2 ; et ce qu’il y a d’éton- nant, c’est qu’elle parait affecter les couleurs locales de certains objets. En méditant sur cet effet fait remarquable, j’ai cru pouvoir en tirer des inductions qui permettraient de le rat- tacher à la théorie de Newton, sur le phénomène des anneaux colorés*. Il suffirait pour cela, de supposer que tel rayon prismatique, le rayon vert, par exemple, en agissant sur la substance du vernis, // et en se combinant avec elle, lui donne le degré de solubilité néces- saire pour que la couche qui en résulte après la double opération du dissolvant et du lava- ge, réfléchisse la couleur verte. Au reste, c’est à l’observation seule, à constater cequ’il ( y a ) de vrai dans cette hypothèse ; et la chose me semble assez intéressante par elle même, pour provoquer de nouvelles recherches, et donner lieu à un examen plus approfondi 3 . .Observations 4 . .Quoique il n’y ait, sans doute, rien de difficile dans l’emploi des moyens d’éxécution que je viens de rapporter, il pourrait se faire, toutefois, qu’on ne réussit pas complettement de prime abord. Je pense donc, qu’il serait à propos d’opérer en petit, en copiant des gra- vures à la lumiere diffuse, d’après la préparation fort simple que voici. .On vernisse la gravure seulement du côté verso, de manière à la rendre bien trans- parente. Quand elle est parfaitement sèche, on l’applique du côté recto, sur la planche ver- nie, à l’aide d’un verre dont on diminue la pression en inclinant la planche sous un angle toutefois qu’en 1839, Isidore Niépce en montrera aux visiteurs intéressés par l’invention de son père (v. 622). 1. Notre interprétation de cette observation est la suivante : sachant que par réflexion l’image est vue en posi- tif, tandis qu’en transmission elle apparaît en négatif, le passage du positif au négatif doit rappeler les effets du Diorama où une même image est vue de jour (positif) et ensuite de nuit (négatif). 2. Du fait de l’exposition prolongée à la lumière, le vernis demeure en couche continue sur toute la plaque de verre, contrairement à l’essai sur verre précédent. Seules d’infimes différences d’épaisseurs de vernis sont visibles lorsque la plaque est soumise à un éclairage très rasant. C’est seulement dans ces conditions que l’image peut être perçue. 3. Les couleurs observées par Niépce ont effectivement la même origine que celles des anneaux colorés* de Newton. Elles sont dues aux interférences entre la lumière réfléchie par la surface du vernis et celle réflé- chie par le support au travers du vernis. L’épaisseur du vernis détermine la couleur observée. C’est le phé- nomène que l’on remarque sur les bulles de savon. L’idée proposée par Nicéphore est excellente. Il faudra attendre 1891 pour que le physicien G. Lippmann en établisse la théorie avant de la mettre en pratique. Il reproduira alors la couleur des images en enregistrant ces interférences dans des couches d’albumine ou de gélatine bichromatées. De manière analogue au bitume de Judée, ces substances ont la propriété de perdre leur solubilité dans l’eau sous l’action de la lumière. Vues par réflexion, les images de Lippmann sont en couleurs. Des expériences que nous avons effectuées nous ont permis d’obtenir avec du bitume de Judée des images dont les couleurs imparfaites correspondaient grossièrement à celles de l’original (résultats non publiés). 4. Conformément aux termes de l’introduction de sa notice, Nicéphore n’a discuté jusqu’ici que de la réalisation d’images à la chambre obscure.Il ne sera question de copie de gravure que dans les deux courts paragraphes qui suivent. Son but principal est la reproduction des images à la chambre. 926 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre

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