Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 929 506 1824 1829 Principe fondamental de cette découverte. La lumière, dans son état de composition et de décomposition, agit chimiquement sur les corps. Elle est absorbée, elle se combine avec eux, et leur communique de nouvelles pro- priétés. Ainsi, elle augmente la consistance naturelle de quelques uns de ces corps ; elle les solidifie même, et les rend plus ou moins insolubles, suivant la durée ou l’intensité de son action. Tel est, en peu de mots, le principe de la découverte. Matière première. Préparation. La substance, ou matière première que j’emploie ; celle qui m’a le mieux réussi, et qui concourt plus immédiatement à la production de l’effet, est l’asphalte ou bithume 1 de Judée préparé de la manière suivante. Je remplis à moitié, un verre, de ce bithume pulvérisé. // Je verse dessus, goutte à gout- te, de l’huile essencielle de lavande jusqu’à ce que le bitume n’en absorbe plus, et qu’il en soit seulement bien pénétré. J’ajoute ensuite, assez de cette huile essencielle pour qu’elle surnage de trois lignes environ, au dessus du mélange qu’il faut couvrir et abandonner à une douce chaleur, jusqu’à ce que l’essence ajoutée soit saturée de la matière colorante du bithume. Si ce vernis n’a pas le degré de consistance nécessaire, on le laisse évaporer à l’air libre, dans une capsule, en le garantissant de l’humidité qui l’altère et finit par le décom- poser. Cet inconvénient est surtout à craindre dans cette saison froide et humide, pour les expériences faites dans la chambre noire. Une petite quantité de ce vernis, appliquée à froid, avec un tampon de peau très douce, sur une planche d’argent plaqué, bien poli, lui donne une belle couleur de vermeil, et s’y étend en couche mince et très-égale. On place ensuite la planche sur un fer chaud, recouvert de quelques doubles de papier dont on enlève ainsi préalablement, toute l’humi- dité ; et, lorsque le vernis ne poisse plus, on retire la planche pour la laisser refroidir et finir de sécher à une température douce, à l’abri du contact d’un air humide. Je ne dois pas oublier de faire observer à ce sujet, que c’est principalement, en appliquant le vernis, que cette précaution est indispensable. Dans ce cas, un disque léger, au centre duquel est fixée une courte tige que l’on tient à la bouche, suffit pour arrêter et condenser l’humidité de la respiration. La planche ainsi préparée, peut être immédiatement soumise aux impressions du flui- de lumineux ; mais même, après y avoir été exposée assez de temps pour que l’effet ait eu lieu, rien n’indique qu’il existe réellement ; // car l’empreinte reste inapperçue. Il s’agit donc de la dégager, et on y parvient à l’aide d’un 2 dissolvant. Du dissolvant. Manière de le préparer. Comme ce dissolvant doit être approprié au résultat que l’on veut obtenir, il est diffi- cile de fixer avec exactitude les proportions de sa composition ; mais, toutes choses égales d’ailleurs, il vaut mieux qu’il soit trop faible que trop fort. Celui que j’emploie de préfé- rence, est composé d’une partie, non pas en poids, mais en volume, d’huile essentielle de lavande, sur six 3 parties, même mesure, d’huile de pétrole blanche. Le mélange qui devient d’abord laiteux, s’éclaircit parfaitement au bout de deux ou trois jours. Ce composé peut 1. Cette orthographe du mot bitume est caractéristique d’Isidore Niépce (v. par ex. S. 19). 2. On n’y parvient qu’à l’aide d’un in D. ; ce qui est presque identique à ce qu’on trouve dans le manuscrit rédigé par Nicéphore conservé en Russie. 3. Dix in D.
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