Niépce correspondance et papiers
servir plusieurs fois de suite. Il ne perd sa propriété dissolvante que lorsqu’il approche du terme de sa saturation 1 ; ce qu’on reconnaît parce qu’il devient opaque et d’une couleur très-foncée ; mais on peut 2 le distiller et le rendre aussi bon qu’auparavant. La plaque ou planche vernie, étant retirée de la chambre obscure, on verse dans un vase de fer-blanc d’un pouce de profondeur, plus long et plus large que la plaque, une quan- tité de dissolvant assez considérable pour que la plaque en soit totalement recouverte. On la plonge dans le liquide, et en la regardant sous un certain angle, dans un faux jour, on voit l’empreinte apparaître et se découvrir peu à peu, quoique encore voilée par l’huile qui surnage plus ou moins saturée de vernis. On enlève alors la plaque, et on la pose vertica- lement pour laisser bien égoutter le dissolvant. Quand il ne s’en échappe plus, on procéde à la dernière opération qui n’est pas la moins importante. Du lavage. Manière d’y procéder Il suffit d’avoir pour celà, un appareil fort simple, composé d’une planche de quatre piés de long, et plus large que la plaque. Cette planche est garnie, sur champ, // dans sa lon- gueur, de deux litteaux bien joints, faisant une saillie de deux pouces. Elle est fixée à un support par son extrémité supérieure, à l’aide de charnières qui permettent de l’incliner à volonté, pour donner à l’eau que l’on verse, le degré de vitesse nécessaire. L’extrémité infé- rieure de la planche, aboutit dans un vase destiné à recevoir le liquide qui s’écoule. On place la plaque sur cette planche inclinée. On l’empêche de glisser en l’appuyant contre deux petits crampons qui ne doivent pas dépasser l’épaisseur de la plaque. Il faut avoir soin dans cette saison froide 3 , de se servir d’eau tiède. On ne la verse pas sur la plaque, mais au dessus, afin qu’en y arrivant elle fasse nappe, et enlève les dernieres por- tions d’huile adhérente au vernis. C’est alors que l’empreinte se trouve complettement dégagée, et partout d’une grande netteté, si l’opération a été bien faite, et surtout, si on a pu disposer d’une chambre noire perfectionnée. Applications des procédés héliographiques. Le vernis employé, pouvant s’appliquer indifféremment sur pierre, sur métal, et sur verre, sans rien changer à la manipulation, je ne m’arrêterai qu’au mode d’application sur argent plaqué et sur verre, en faisant toute fois remarquer, quand 4 à la gravure sur cuivre, que l’on peut sans inconvénient ajouter à la composition du vernis, une petite quantité de cire dissoute dans l’huile essentielle de lavande. Jusqu’ici, l’argent plaqué me parait être ce qu’il y a de mieux pour la reproduction des images, à cause de sa blancheur et de son éclat. Une chose certaine, c’est qu’après le lava- ge, pourvu que l’empreinte soit bien sèche, le résultat obtenu est déjà satisfaisant. Il serait pourtant à désirer que l’on pût en noircissant la planche, se procurer toutes les dégrada- tions de teintes du noir au blanc. Je me suis donc occupé de cet objet, en me servant d’abord de sulphure de potasse liquide ; // mais il attaque le vernis, quand il est concentré, et si on l’allonge d’eau, il ne fait que rougir le métal. Ce double inconvénient m’a forcé d’y renoncer. La substance que j’emploie maintenant, avec plus d’espoir de succès, est l’iode 1. De saturation in D. ; ce qui est d’ailleurs conforme au document rédigé par Nicéphore. 2. On ne peut in D. 3. Saison-ci in D. ; ce qui est conforme au manuscrit conservé en Russie. 4. La faute ne figure qu’ici. 930 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre
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