Niépce correspondance et papiers
demeurant à Châlon sur-Saône, département de Saône-et-Loire, d’une part ; & Monsieur Louis-Jacques-Mandé Daguerre, artiste-peintre, membre de la Légion d’Honneur, et administrateur du Diorama, demeurant à Paris au Diorama d’autre part ; Lesquels pour parvenir à l’établissement de la société qu’ils se proposent de former entre eux, ont préalablement exposé ce qui suit. Monsieur Niépce désirant fixer par un moyen nouveau sans avoir recours à un dessinateur, les vues qu’offre la nature, a fait des recherches à ce sujet : de nombreux essais, constatant la cette découverte, en ont été le résultat. Cette découverte consiste dans la reproduction spontanée des images reçues dans la chambre noire. Monsieur Daguerre auquel il a fait part de sa découverte, en ayant apprétié tout l’intérèt, d’autant mieux qu’elle est susceptible d’un grand perfectionne- ment, offre à Monsieur Niépce, de s’adjoindre à lui, pour parvenir à ce perfec- tionnement, et de s’associer pour retirer tous les avantages possibles, de ce nouveau genre d’industrie. Cet exposé fait, les sieurs comparants ont arrêté entre eux de la manière sui- vante les statuts provisoires et fondamentaux de leur association. Article 1 r . Il y aura entre Messieurs Niépce et Daguerre, société, sous la raison de com- merce Niépce-Daguerre, pour coopérer au perfectionnement de la dite décou- verte, inventée par Monsieur Niépce, et perfectionnée par M r . Daguerre. // Art. 2. La durée de cette société sera de dix années, à partir du quatorze décembre courant, et elle ne pourra être dissoute avant ce terme, sans le consentement mutuel des parties intéressées. En cas de décès de l’un des deux associés, celui ci sera remplacé dans la dite société, pendant le reste des dix années qui ne seraient pas expirées, par celui-qui le remplace naturellement. Et encore en cas de décès de l’un des deux associés, la dite découverte ne pourra jamais être publiée, que sous les deux noms désignés dans l’article premier. Art. 3. Aussitôt après la signature du présent traité, Monsieur Niépce devra confier à Monsieur Daguerre, sous le sceau du secret qui devra être conservé à peine de tous dépens, dommages et intérèts, le principe sur lequel repose sa décou- verte, et lui fournir les documens les plus exacts et les plus circonstanciés, sur la nature, l’emploi et les differens modes d’applications des procédés qui s’y rattachent, afin de mettre par là plus d’ensemble et de célérité dans les recherches et les expériences dirigées vers le but du perfectionnement et de l’utilisation de la découverte. Art. 4. Monsieur Daguerre s’engage sous les susdittes peines, à garder le plus grand secret, tant sur le principe fondamental de la découverte, que sur la nature, l’emploi et les applications des procédés qui lui seront communiqués, et à coopérer autant qu’il lui sera possible aux améliorations jugées nécéssaires, par l’utile intervention de ses lumières et de ses talens. Art. 5. Monsieur Niépce met et abandonne à la société, à titre de mise, son invention, representant la valeur de la moitié des produits dont elle sera susceptible : et Monsieur Daguerre, y apporte une nouvelle combinaison de chambre noire : ses talens et son industrie équivalent à l’autre moitié des susdits produits. 946 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre
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