Niépce correspondance et papiers
974 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS conduit par suite des nombreuses experiences a verifier l’analyse de toutes les substances qui m’offra[ien]t un resultat a peu pres semblable, jai acquis la certitude que la cause prin- cipale de l’effet [vient] de la combinaison du 85. ( hydrogène ) et 86. ( oxigène ) qui existe toujours dans ces matieres unis avec le 88. ( carbone ) car en enlevant a cette combinaison le 85. ( hydrogène ) ou le 86. ( oxigène ) l’effet est nul, il paroit démontré que la décomposi- tion total nà lieu que dans la proportion d’un volume de 86. ( oxigène ) contre deux de 85. ( hydrogène ) de même quand augmentant l’un ou l’autre de ces 90. ( gaz ) on relanti l’effet, ainssi toutes les substances composée de 85. ( hydrogène ) , 86. ( oxigène ) et 88. ( carbone ) donneront un résultat. Quand au 52 ( blanc ) , il prov[ient] de la pureté du 88. ( carbone ) il est bien certain[..] que dans l’opperation au 46. ( à la lumiere ) le 85 ( hydrogène ) principa- lement [s]e volatilise à l’aide du 36. ( calorique ) il y a décomposition et le 86. ( oxigène ) ce // combine avec le 18. ( argent poli ) et par cet effet retient le 88. ( carbone ) sur le 18 ( argent poli ) en effet il est facile de le verifier on apperçoi[s] en effacant légèrement le 88. ( carbo- ne ) le 86. ( oxigène ) qui adhere plus fortement au 18. ( argent poli ) car il y a tout a fait sous l’intencité du 46. ( la lumiere ) le 89. ( oxide d’argent ) Vous voyez Monsieur d’apres ces resultats que le 58 ( camphre ) dont vous vous etes servi ne pouvais pas nuire, puisquil est compose de meme de 85. ( hydrogène ) 86. ( oxigène ) et d’un 88. ( carbone ) assez pur. Jen avais déja fait l’essais et n’avais obtenu aucune differen- ce sensible j’avais remarque seulement quil ne detruisait en rien les matier[e]s n’importe la quantité que lon pouvait en mettre puisquil faut toujours les amener au meme degré. Quand aux substances 69. ( poix ) 70. ( résine ) 71. ( p. de Bourg e . ) 72. ( goud n . ) 78. ( téré- bent e . ) 84 ( colophane ) jai reconnu que pour plus de purte 1 dans le 88. ( carbone ) il faloi[s] monter a la source[. L]e 78. ( téréb e . de Venise ) [amener] avec soin ma procuré le plus beau 52 ( blanc ) que nous ayons obtenu[e] 2 . Dans ce moment ci je dispose dun grand nombre dopperations, mais dont je ne peu pas prevoir encore les resultats, aussitot quelque reussi- te je vous en ferai part. J’ai essayé dans le 92 ( vide ) je nai pas trouvé une différence bien 1830 1833 De 1830 jusqu’à la mort de Niépce 1. Lire pureté . 2. Le début de cette lettre, la première écrite par Daguerre depuis son séjour à Saint-Loup-de-Varennes en juin, est étonnant. Il n’y est pas question de bitume mais de toutes sortes de résines destinées à donner le fameux blanc recherché par les deux hommes. On note les expressions : « toutes les substances qui m’of- fra[ien]t un resultat a peu pres semblable » (il s’agit du blanc) ou bien : « toutes les substances [...] donne- ront un résultat », ou encore : « quand aux substances 69. [poix] 70. [résine] 71. [p. de Bourg e .] 72. [goud n .] 78. [térébent e .] 84 [colophane] », « Le 78. [téréb e . de Venise] [amener] avec soin ma procuré le plus beau 52 [blanc] que nous ayons obtenu[e] ».Toutes ces expressions montrent que les deux associés avaient obtenu des couches blanches au moyen de toute une famille de produits organiques, donc composés essentielle- ment d’hydrogène, d’oxygène et de carbone.D’où la discussion de Daguerre sur les proportions de ces trois composantes. Le blanc, dit-il, est dû à la pureté du carbone. Allusion probable au carbone pur c’est-à-dire le diamant qui se trouve sous forme de petits cristaux blancs comme neige, par opposition au carbone impur, noir comme le charbon. Mais, selon Daguerre, hydrogène et oxygène joueraient un rôle, car s’il ne reste que le carbone, l’effet (celui de la lumière) n’a plus lieu. Il faut « amener » ces résines « avec soin », « au même degré ». Tout ceci nous laisse comprendre que les résines subissent un traitement. Notre hypothèse est qu’elles sont chauffées jusqu’à un début de carbonisation qui ne doit pas être trop poussé. Ayant fait cette expérience, nous avons pu montrer que les solutions de ces résines, dans un alcool par exemple, laissent après évaporation sur de l’argent, une couche d’une belle couleur blanche, sensible à la lumière (v. J.L. Marignier in L.PH. n° 1524, mai 1995, pp. 36-42). Nous trouverons ce traitement des résines relaté par Daguerre en 1839 sans que soit précisée la date à laquelle remontent ces travaux (v. App. XXVI et D.). Remarquer aussi que Daguerre parle d’effet de la lumière qui ôterait l’hydrogène tandis que l’oxygène se combinant avec l’argent retiendrait le carbone. Au delà de ces interprétations sans fondements, il semble bien que les associés aient observé des effets de la lumière sur ces couches blanches.
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