Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 993 534 1830 1833 535 Extrait de lettre 1 Saint-Loup de Varennes, 24 juin 1831. Nicéphore à Daguerre. Saint-Loup-de-Varennes, le 24 juin 1831. M ONSIEUR ET CHER ASSOCIÉ , J’attendais depuis longtemps de vos nouvelles avec trop d’impatience pour ne pas recevoir et lire avec le plus grand plaisir vos lettres des 10 et 21 mai dernier . Je me borne- rai, pour le moment, à répondre à celle du 21 2 , parce que, m’étant occupé, dès qu’elle me fut parvenue, de vos recherches sur l’iode , je suis empressé de vous faire part des résultats que j’ai obtenus. Je m’étais déjà livré à ces mêmes recherches antérieurement à nos rela- tions 3 , mais sans espoir de succès, vu la presque impossibilité, selon moi, de fixer, d’une manière durable, les images reçues, quand bien même on parviendrait à replacer les jours et les ombres dans leur ordre naturel. Mes résultats, à cet égard, avaient été totalement conformes à ceux que m’avait fournis l’emploi de l’oxide d’argent 4 ; et la promptitude était le seul avantage réel que ces deux substances parussent offrir 5 . Cependant, Monsieur, l’an passé, après votre départ d’ici 6 , je soumis l’iode à de nouveaux essais, mais d’après un autre 1. Publ. in D. (p. 52). L’original est inconnu. La Photographische Gesellschaft in Wien possède un document manuscrit (écriture inconnue) contenant les textes du chapitre intitulé « Note historique sur le procédé du daguerréotype » de la brochure de Daguerre. On y trouve les extraits de quatre lettres de Nicéphore et d’une lettre d’Isidore. Au bas de chacun des extraits, Daguerre a apposé sa signature pour attester de la conformité de la copie. Outre la présente lettre de Nicéphore, ce sont les documents : 537, 539, 543, 589. Ces copies manuscrites certifiées par Daguerre sont parvenues à la Photographische Gesellschaft in Wien à la suite d’une donation de Joseph von Rheden (1873-1946), astronome à l’observatoire de l’université de Vienne. Nous transcrivons l’extrait ci-dessus exactement comme on le trouve dans la brochure de Daguerre ; c’est lui qui fit imprimer en italiques les mots ou passages le valorisant. Rappelons que les origi- naux des lettres, douze au moins, que Daguerre reçut de Niépce entre le 14 décembre 1829 — date à laquelle ce dernier lui révéla le « principe » de sa découverte — et ce 24 juin 1831, sont inconnus. S’il est étrange, voire suspect, que Daguerre ait soustrait ces documents au jugement de l’Histoire, lui qui estima « nécessaire de prouver » que son associé « n’a été pour rien dans la découverte du daguerréotype » (D.p.51),il n’est pas moins étrange qu’Isidore ait laissé pareille lacune en l’état,sachant qu’il était sans doute en mesure de la combler, grâce aux copies ou brouillons que son père avait pour habitude de conserver. Cette lacune est d’autant plus regrettable qu’il est impossible de distinguer, dans l’énorme progrès accom- pli par les deux associés au cours des dix-huit premiers mois de leur collaboration, la part d’originalité qui revient à chacun. A cet égard, il eût été plus habile de la part d’Isidore de rassembler tous les documents en sa possession que de se borner à déclarer que le daguerréotype est « un perfectionnement dérivant de la découverte de [son] père » (I.N. p. 57). 2. V. 532. 3. Cette phrase est extrêmement importante. Niépce déclare avoir effectué les « mêmes recherches » sur l’iode avant de collaborer avec Daguerre. Nous en avons la confirmation dans les plans de l’ouvrage que Niépce projetait d’écrire en 1829 (v. 494), où nous trouvons (chapitre sur « l’action colorante de la lumière ») des expériences sur l’iode au même titre que celles avec le muriate (chlorure) d’argent. 4. Le muriate (chlorure) d’argent. Les vapeurs d’iode formaient à la surface des plaques auxquelles elles étaient soumises, une couche d’iodure d’argent dont le comportement sous la lumière est similaire à celui du chlorure d’argent : on observe un noircissement assez rapide. Dans les deux cas, il est ensuite nécessaire de fixer le négatif obtenu en éliminant l’iodure ou le chlorure d’argent qui n’a pas été transformé par la lumière. C’est ce problème que Niépce ne savait pas résoudre et qui lui faisait dire que ce genre de recherches étaient vaines. 5. Il est donc bien évident qu’avant d’être associé avec Daguerre, Niépce connaissait déjà les effets de la lumière sur l’iodure d’argent formé à la surface des plaques d’argent attaquées par des vapeurs d’iode. Niépce rendra compte des expériences qu’il va entreprendre à nouveau sur ce système,dans une prochaine lettre (v. 537). 6. En juin 1830 (v. 526).
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