Niépce correspondance et papiers

996 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 537 Extrait de lettre 1 Saint-Loup de Varennes, 8 novembre 1831. Nicéphore à Daguerre. Saint-Loup-de-Varennes, le 8 novembre 1831. M ONSIEUR ET CHER ASSOCIÉ , . . . . . . . . . . . Conformément à ma lettre du 24 juin dernier 2 , en réponse à la vôtre du 21 mai 3 , j’ai fait une longue suite de recherches sur l’ iode mis en contact avec l’argent poli, sans toutefois parvenir au résultat que me faisait espérer le désoxidant. J’ai eu beau varier mes procédés et les combiner d’une foule de manières, je n’en ai pas été plus heureux pour cela. J’ai reconnu, en définitive, l’impossibilité, selon moi, du moins, de ramener à son état naturel l’ordre interverti des teintes, et surtout d’obtenir autre chose qu’une image fugace des objets 4 . Au reste, Monsieur, ce non-succès est absolument conforme à ce que mes recherches sur les oxides métalliques m’avaient fourni bien antérieurement, ce qui m’avait décidé à les abandonner. Enfin, j’ai voulu mettre l’iode en contact avec la planche d’étain ; ce procédé, d’abord, m’avait semblé de bon augure. J’avais remarqué avec surprise, mais une seule fois, en opérant dans la chamlre noire, que la lumière agissait en sens inverse sur l’iode, de sorte que les teintes, ou, pour mieux dire, les jours et les ombres se trouvaient dans leur ordre naturel. Je ne sais comment et pourquoi cet effet a eu lieu sans que j’aie pu par- venir a le reproduire, en procédant de la même manière. Mais ce mode d’application, quant à la fixité de l’image obtenue, n’en aurait pas été moins défectueux. Aussi, après quelques autres tentatives, en suis-je resté là, regrettant bien vivement, je l’avoue, d’avoir fait fausse route pendant si longtemps, et, qui pis est, si inutilement, 5 etc., etc. Signé : J.-N. NIEPCE. Pour copie conforme, ARAGO. DAGUERRE. 1830 1833 De 1830 jusqu’à la mort de Niépce 1. Publ. in D. (p. 52). L’original est inconnu (v. 535n). La copie manuscrite de cet extrait certifié conforme par Daguerre, fait aussi partie du document conservé à la Photographische Gesellschaft in Wien (ibid.). 2. V. 535. 3. V. 532. 4. Les images produites par Nicéphore sur une couche d’iodure d’argent, obtenue en soumettant une plaque d’argent à des vapeurs d’iode, sont donc négatives et non fixées. Il semble que le « désoxidant » évoqué plus haut était destiné à rendre les images positives. 5. De même qu’en 1816 avec le chlorure d’argent ou, comme nous le comprenons, dans d’autres travaux plus récents mais antérieurs à sa relation avec Daguerre (v. 535), Nicéphore se trouvait confronté aux deux pro- blèmes suivants : l’inversion négative de l’image et l’absence de fixage. Contrairement à Nicéphore, Daguerre s’obstinera à réaliser ces images négatives instables. Ce n’est qu’en 1835 qu’il réussira à inverser le négatif (v. 576). Deux ans plus tard, la stabilisation des images sera semble-t-il acquise.

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