Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1367 App. XV Les plus anciens paraissent être les frères Niepce, cités très succinctement dans divers ouvrages, tels le Dictionnaire de Laboulaye 1 , comme ayant fait fonctionner un bateau sur la Saône en 1806. Grâce à l’obligeance de M. le Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, j’ai pu prendre connaissance du rapport de Lazare Carnot et Berthollet lu à la séance de l’Académie du 15 décembre 1806. Ce rapport remarquable démontre que ses auteurs ont eu la prévision de la supériorité du moteur à combustion interne. Il dit notamment: « Dans l’appareil de MM. Niepce, aucune portion du calorique n’est dissipée d’avance; la force mouvante est un produit instantané et tout l’effet du combustible est employé à produire la dilatation qui sert de force mouvante ». Les rapporteurs citent des expériences auxquelles ils ont assisté où une machine simplifiée fonctionnait avec de la poussière de lycopode ou avec du charbon pulvérisé mélangé de résine. Le Service Technique de l’Aéronautique nous a chargé de reconstituer cette machine, en nous conformant aux documents originaux. Nous avons ainsi constaté qu’elle fonctionne parfaite- ment, soulevant un poids de 20 kg à 30 cm de hauteur, avec une charge de 5 cg de lycopode. Ce com- bustible donnant environ 7000 cal par kilogramme, le rendement, malgré la détente incomplète, est donc d’environ 4 pour 100, la machine étant froide. Les frères Niepce provoquaient l’allumage au moyen d’une mèche, se rallumant à l’extérieur après chaque explosion. Pour la facilité de la démonstration, nous avons remplacé celle-ci par un fil chauffé électriquement, ce qui ne change pas le résultat. Le brevet de la machine définitive leur fut délivré le 20 juillet [1807] 2 ; ce document est conservé à l’Office National de la Propriété Industrielle. Les dessins comprenant les coupes, élévation et même une perspective, sont si complets que la reconstitution de cette machine peut être réalisée bien exactement. De l’étude des moyens employés, il résulte, à notre avis, que l’on doit attribuer aux frères Niepce l’application des principes suivants: 1° L’emploi des combustibles pulvérulents dosés mécaniquement dans une boite d’injection au moyen d’un distributeur rotatif; 2° L’injection du combustible dans une chambre de combustion à l’aide d’une chasse d’air com- primée; 3° L’action directe de l’explosion sur un fluide agissant par réaction pour la propulsion d’un bateau; 4° L’emploi d’accumulateurs d’énergie empruntant à la puissance de l’explosion ce qu’il faut pour actionner tous les auxiliaires nécessités par une machine à action directe. Il y a lieu de remarquer que les paragraphes 1° et 2° montrent des antériorités manifestes aux brevets Diesel de 1892 et 1894 qui visaient l’usage de charbon pulvérisé et que la chasse d’air comprimé constitue une véritable compression préalable. Si les frères Niepce ne l’ont pas forcée davantage, on peut penser que ce fut par crainte des dangers de rupture des pièces soumises à l’explosion 3 . Les moyens d’exécution à cette époque ne permettaient pas, en effet, de faire des machines susceptibles de supporter de fortes pressions. Ils ont du reste essayé aussi le pétrole; 1. L’important Dictionnaire des Arts et Manufactures et son Complément . Pierre-Charles Lefebvre-Laboulaye en fut l’éditeur et le principal auteur. 2. Par erreur on a frappé 1808 dans les Comptes-Rendus . 3. « Nous ne saurions trop te recommander, pour ta propre sûreté et notre tranquillité personnelle, de tenir la main à ce que les appareils dont tu feras usage, soient de la plus grande solidité, principalement la partie du bateau destinée à recevoir l’action de l’air comprimé », écrivait Nicéphore à Claude en 1816 (v. 263).

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