Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 707 part de ta demande, et les prier, en ton nom comme au mien, de vouloir bien t’expédier, dans le plus bref delai possible, une nouvelle lettre de crédit de 6000 francs. Ton cher neveu char- gé de ma missive, la laissa chez ces Messieurs qu’il ne rencontra pas ce jour-là ; mais il y est retourné avant hier, et M r . Coste lui a dit qu’ils allaient écrire le jour même à M r . Vassal ; et qu’à l’arrivée de ma lettre tu n’aurais qu’à te présenter chez ton banquier. Avant d’avoir plaisir de te répondre, mon cher ami, j’étais bien aise de t’annoncer quelque chose de posi- tif sur le résultat de ma démarche : c’est cequi m’a retardé de quelques jours ; mais cette fois encore je m’en suis tiré, grâce à Dieu, beaucoup mieux que je ne croyais. Tu peux donc être bien tranquille maintenant, puisque tu vas être à même d’acquitter de suite ceque tu dois à ton ouvrier. Tu as toujours bien fait de ne pas interrompre ton travail ; car le tems est aussi pour nous, un objet de consommation, et plus tôt nous serons arrivés au but, mieux ça vau- dra. Je vois avec une bien douce satisfaction, mon cher ami, que tu as comme moi, l’espoir que nous l’atteindrons en même tems : nous ne pouvons qu’en augurer favorablement d’après tes nouvelles données sur la solution de la dernière difficulté que tu as à surmonter ; difficulté dont tu ne triompheras pas à coup sûr, sans gloire ; car je la regarde comme la plus grande de toutes : aussi te félicitons-nous de tout notre cœur, de l’heureuse et belle inspira- tion que tu as eue. Je crois en effet, mon cher ami, que le moyen que tu te proposes d’em- ployer, est le plus propre à remplir ton objet. Et cequi // tend à me le persuader bien plus que mes [propres] vagues réflexions là-dessus, c’est que pour ajouter encore à la pleine confiance que nous inspire ton opinion personnelle, tu as voulu, avant de faire cette nou- velle dépense, bien t’assurer qu’elle serait utile 1 . Il te restera ensuite à exécuter ton appareil pour le mouvement continu ; mais d’après ceque tu nous mandes, il parait que le mécanis- me de ce mouvement ne sera pas très-compliqué. L’essentiel est, mon cher ami, qu’il ne dérange pas tes calculs sur le résultat que tu espères obtenir à l’aide du cercle de fer de 8 piés de diamètre 2 , qui fait sans doute, les fonctions de volant, ou qui doit peut-être, par sa force d’inertie, te procurer le point d’appui dont tu as besoin. C’est ce que l’expérience seule peut t’apprendre ; et nous faisons tous les vœux les plus ardens pour qu’elle ait un succès complet et décisif. Ta propre conviction à cet égard, quoique encore soumise aux chances des événemens, est de nature à nous inspirer d’avance la plus grande sécurité ; et puis dans tous les cas, ton mouvement de-va-et-vient étant assuré, nous pouvons, comme tu le dis, mon cher ami, être bien tranquille sur les suites. A propos du point d’appui que tu cherches, je ne sais si j’ai eu le plaisir de te mander dans le tems, que j’avais fait mouvoir mon vélo- cipède à l’aide de deux ressorts latéraux qui trouvaient un point fixe pour éffectuer le mou- vement progressif dans deux jambes articulées au corps de la voiture ; mais ces jambes étaient à double articulation 3 ; car sans cela le mouvement n’aurait pu avoir lieu. Je n’ai pas donné de suite à cette idée, parceque la chose la plus importante me manquait ; c’est-à-dire un moteur sans consommation ; et c’est à toi, mon cher ami, qu’était réservée la gloire de cette grande découverte./. Depuis ma dernière lettre j’ai été un peu contrarié par le mauvais tems : malgré cela j’ai la satisfaction de pouvoir t’annoncer enfin, qu’à l’aide du perfection- nement de mes procédés je suis parvenu à obtenir un point de vue tel que je pouvais le dési- rer, et que je n’osais guère pourtant m’en flatter, parceque jusqu’ici, je n’avais eu que des 1. Absurde à nos yeux, « la pleine confiance » seule peut expliquer le comportement de Nicéphore. Simple- ment, l’idée que son frère pût être malade ne l’avait pas effleuré (v. 434). 2. Celui « de près de 24 pieds de circonférence » (v. 383). 3. On ne dispose malheureusement d’aucun autre élément sur ce projet. Rappelons que dès son apparition, le vélocipède avait retenu l’attention de Nicéphore (v. 328n). 384 1815 1824 1 8

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